Eléphants olympiques : CES ESPOIRS QUI FERONT VIVRE

Mercredi 14 Juillet 2021. Journée moins pluvieuse que les habitudes de la saison sur le littoral Abidjanais. Le petit monde hétéroclite a de la chance.

Il ne se mettra pas à couvert aujourd'hui pour prendre des nouvelles. Des journalistes attendent à la sortie des chambres des joueurs. Les membres du Ministère des sports ivoiriens sont présents. Le patron du département Paulin Danho est lui-même de la partie ; avec à ses côtés, le Directeur général des sports.

Il est prévu de vite faire une petite action protocolaire de remise d'équipements sur le domaine de Songon Park. Ce ne sera véritablement pas le cas. Les joueurs se font prier. Leurs désirs sont comme des ordres. L'ordre protocolaire est remis à plat. Avant toute chose, ils veulent des explications objectives sur les conditions de leur existence '' précaire '' dans ce lieu, moins commode pour des footballeurs du niveau de Manchester united (Angleterre) , Milan Ac (Italie) , Sivasspor (Turquie)...

Le Ministre des Sports rencontre en aparté les trois plus âgés du groupe Éric Bailly, Franck Kessié, Max Gradel, et aussi Chester Diallo (Capitaine du groupe à la Can junior de 2019). Ils s'enferment pendant plus de 60 minutes à échanger, avec la présence de l'entraîneur Soualyo Haidara. Le Manager général Herman, est appelé au pas de course. Les autres Eléphants espoirs attendent patiemment... L'attente est longue. Elle est mise à profit par les autres joueurs pour partager des informations sur le déroulement des Jeux olympiques.

Bordure de la lagune. Calme des cocotiers. Quelques shootings photos. Rigolades avec leurs '' vieux-pères '' que nous sommes. Des journalistes devenus pour l'occasion des conseillers. « Les pères, vos fils sont là !  » lancent les voix argotiques de certains. Pour d'autres, ce sont les oreilles attentives. Seulement qu'à écouter de petites conversations didactiques entre les visiteurs du jour et Amad Diallo (Manchester united), Kader Abdul Kéita (Kvc Westerlo), Oupoh Maxime Nagoli (Sol Fc Abobo). Le sujet débute par la participation du continent au rendez-vous planétaire au Japon. Les trois représentants de l’Afrique sont en effet l’Afrique du Sud, l’Egypte et la Côte d’Ivoire.

Sans mot dire, c'est un peu un cours d'histoire qui se révèle à leur esprit. D'autant que la pratique du foot s'est progressivement installé dans le temps, parmi les priorités aux Jo.

« Ces épreuves étaient essentiellement dédiés aux joueurs amateurs jusqu’en 1980. Ils ont d’abord été réservés aux joueurs n’ayant pas disputé de Coupe du monde ou de compétitions sous l’égide des Confédérations avant d’être réservé, à partir de 1992, aux joueurs de moins de 23 ans. Progressivement, la règle est restée en vigueur mais les pays ont désormais le droit de convoquer trois joueurs qui ont plus de la limite d’âge  », nous leur détaillons des aspects qu'ils connaissent plus ou moins sur les cas du Brésilien Dani Alves, le Français Pierre-André Gignac... Raisons évidentes pour ces Seniors ivoiriens Kessié, Gradel et Bailly pour être sur la liste des 21 Eléphants olympiques.

Les jeunes Amad (19 ans), Kader (20 ans) et Nagoli (20 ans) attendent que leurs '' doyens '' finissent les conciliabules avec les autorités.

Qui du Ministère des sports, de la Fédération ou du Comité national olympique... doit répondre à leurs attentes ? Ces jeunes footballeurs sont comme perdus dans ce triumvirat décisionnel... La paie des primes de match, les conditions du départ pour le Japon, la non-organisation de matchs amicaux, le port d'une tenue autre que celle qu'ils enfilent habituellement... Un gros déficit de communication dans la préparation des jeunots.

Ils continuent d'écouter « C'est toujours ainsi pour le football dont le standard traditionnel s'imbrique difficilement dans l'organisation des Jeux olympiques. Où les pays participants sont confrontés à la présence des athlètes d'autres disciplines sportives. En son temps, les footballeurs Camerounais et Nigerians seuls pays africains médaillés d'or aux Jo, n'avaient pas été également sur la même longueur d'onde avec les autorités de leur pays respectif  »

Les tractations entre le Ministre et le groupe de joueurs-délégués sont finis. Tout le monde est appelé à rejoindre la salle de réunion. C'est une assemblée beaucoup plus élargie. Et les décisions tombent. Outre la prime de qualification (d'un montant global 57 millions F CFA ) que l'Etat de Côte d'Ivoire leur reste devoir depuis la qualification de l'équipe (finaliste de la Can 2019). De concert avec le Ministre, il est fait mention d'une prime de participation à payer au Japon. Et dans contexte plus général, une prime d'objectif (selon les performances) répartie selon la Médaille d'or (10 Millions), argent (7, 5 Millions), bronze (5 Millions).

Max Gradel fringué dans un tailleur '' skynny '' (qui servira de tenue officielle de parade au Japon), avec à ses côtés Bailly et Kessié. Les deux sont cintrés d'un polo orangé qui sort de l'ordinaire. Ça leur colle tellement à la peau qu'ils ont peur de faire sauter les fermetures éclairs. Entraînant les regards moqueurs et dissimulés de quelques uns de leurs jeunes coéquipiers qu'ils menacent gentiment des yeux...

C'est une parenthèse... Dans l'ambiance burlesque, Max Gradel campe bien son rôle de porte-parole très diplomate et promet de faire honneur - en compagnie de ses coéquipiers - au pays. Quand les visages de ses deux autres comparses, toujours coincés dans leurs survêtements, trahissent leur gêne d'être dans ces parures plaqués contre leur physique. Ce chapitre va certainement faire débat chez les journalistes. De quoi chercher à comprendre s'il y a un problème d'intendance sur cette réplique (en guise de tenue officielle pour toutes les disciplines) ou de l'equipementier (partenaire traditionnel des équipes nationales de football).

À peine le protocole avec les autorités fini que les joueurs se regroupent de manière informelle et s'entendent sur l'essentiel : Quelque soit le prix à payer, il s'agira d'aller au Japon en se sacrifiant pour le pays, défendre les couleurs de la nation. L'idée étant de faire plus que la génération de 2008 (première participation des Éléphants espoirs aux Jo avec un rang de huitième finaliste. Salomon Kalou, Gervinho, Ali Badra Sangaré, Sékou Cissé ... avaient perdu par le score de 1-2 devant l'Argentine conduite par Lionel Messi) et chercher à accrocher une médaille au cou pour continuer l'œuvre du football Africain aux Jeux olympiques. En 1992, La génération dorée du Ghana emmenée par Nii Lamptey a décroché à Barcelone la toute première breloque (le Bronze) de l'histoire du continent. En 1996, les Nigerians Nwankwo Kanu , Daniel Amokachi , Sunday Oliseh, ont poussé un peu plus loin le bouchon en remportant l'or. Suivis quatre ans plus tard, en 2000 à Sydney, par les Lions Indomptables de Patrick M'boma, Geremi N'jitap... Pour 2021, la responsabilité des jeunes ivoiriens est plus que grande.

Peut-être avec le temps, à la force d'y croire... les esprits seront (re) vivifiés par la fibre patriotique. Dans tous les cas, c'est peut-être le début de l'histoire d'un vivier ravivé par un challenge qui leur ouvrira grandement les portes pour les deux prochaines compétitions des Seniors : La Can 2022 et surtout en 2023, à domicile en Côte d'Ivoire. Depuis le sacre de l’Espagne en 1992, le titre olympique est toujours revenu aux pays d’Amérique du sud ou d’Afrique. Il y a eu le Nigéria en 1996, le Cameroun en 2000, l’Argentine en 2004 et 2008, le Mexique en 2012 puis le Brésil en 2016… La chance est écrite quelque part... pour la Côte d'Ivoire, ce grand pays du football Africain.

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