Cette dernière nouvelle engendre une autre lourde charge. Une énorme perte.

" Ami Kelê " s'en est allée. Habituellement, on ramènerait la formule consacrée au seul lien étroit de parenté pour dire : " il (ou elle) s'en est allé laissant dernière lui (ou elle) X enfants, Y parents ". Ici, en plus de sa famille nucléaire. On est encore plus triste de constater que Aminata Ouattara (de son vrai nom) laisse orpheline sa plus grande rivale de tous les temps : Dame Françoise Beugré, alias " Dougou Tchianan ".

Elle si volubile. D'une fougue et d'une féroce humeur entrainante ; et salivant de ses verbes crus " d'injures sportives . Cette Dame au cœur bien jaune et d'un corps au teint noir. Cette Dame Mimosa lançant des mots à l'emporte-pièce ; et qui fendent les huées depuis les tribunes à la proportion de la rivalité sportive d'avec son pendant chez les Vert et Rouge.

 " Ami Kelê" le regard toujours de travers, n'en finissait pas de faire ses palabres à " Dougou Tchianan ". D'un côté, elle de l'Asec qui invective. De l'autre côté, celle de l'Africa sport qui replique.

Le " dougou " (la Cité) était toujours " Tchianan " (mélangée) au rythme des échanges verbaux entre " Ami Kelê " et " Dougou Tchianan ". Des échanges de " missiles " d'une place à une autre. Des travées de l'ancien Felicia aux sièges de l'actuel Champroux en passant par les stades municipal de Yakro, de la Paix de Bouaké, de Biaka Boda de Gagnoa... les deux Dames, à elles seules avaient la prouesse de mettre le feu aux poudres lors des Asec - Africa.

Certes opposées, mais elles ne se lâchaient point. Un peu comme les deux bras d'une même personne. Qui dans leur longue marche dans le football ivoirien. Lorsqu'une est devant, l'autre est à l'arrière ; et vice versa selon que leur équipe respective (l'Asec et l'Africa) domine ou pas le football ivoirien. Bien plus, c'est une rivalité qui a duré des décennies durant... et qu’elle se partageait déjà très jeunes depuis les terrains de jeu de toutes les disciplines alors que le fameux Asec-Africa s'étendait dans les années 80 au Handball, Volleyball...aux périodes 90 au Basket-ball jusqu'aux ères de 2000. Le poids des années et surtout la maladie l'aura poussé à tenir une canne à la main pour tenir sur pied. Malheureusement...

"Dougou Tchianan" a définitivement perdu "Ami Kelê ". Elle n'aura plus sa cible en face d'elle à travers qui elle pouvait en faire un exutoire de l'agressivité qu'elle ressentait et partageait aux autres supporters et aux joueurs, afin de booster leur esprit à la victoire. Alors que la légendaire rivalité Asec - Africa continue ou continuera dans le temps, vers le destin ou encore vers Dieu.

Ce sera encore plus bouleversant pour elle de réaliser qu'à ses prochaines entrées dans les stades que "Ami Kelê" est réellement absente pour toujours. Elle n'a certainement pas eu le temps de dire adieu à l'être cher qu'était "Ami Kelê ", ou encore de régler certains conflits sportifs qui existaient entre ces " deux inséparables " dans l'âme. On ne dira pas seulement Rip à " Ami Kelê «, on lui dira MERCI d'avoir su donner ( de son vivant sur la terre des Hommes ) de la flamme au football ivoirien.